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29 octobre 2025Besoins spécifiques, dénutrition, plaisir de manger : les conseils des experts pour une alimentation sur mesure
Par la rédaction de Santé Magazine
Dans un monde où les régimes miracles et les injonctions nutritionnelles se multiplient, une évidence s’impose : nous ne sommes pas tous égaux face à l’alimentation… Sportifs, femmes enceintes, seniors, personnes malades ou simplement en quête d’équilibre… Chacun possède des besoins nutritionnels qui lui sont propres. Comment adapter son assiette à sa situation personnelle sans perdre le plaisir de manger ? Les experts nous éclairent.
Comprendre ses besoins spécifiques : la première étape
« L’alimentation universelle n’existe pas« , affirme d’emblée Laurence, diététicienne-nutritionniste depuis vingt ans. « Ce qui convient à un jeune sportif ne sera pas adapté à une personne âgée sédentaire. L’erreur la plus fréquente est de suivre aveuglément des conseils génériques sans tenir compte de sa propre réalité physiologique. »
Les besoins nutritionnels varient selon de nombreux facteurs : l’âge, le sexe, l’activité physique, l’état de santé, les traitements médicamenteux en cours, ou encore les phases de vie particulières comme la grossesse ou la ménopause. Identifier ses besoins spécifiques constitue le point de départ d’une alimentation véritablement adaptée.
« Lors de la première consultation, je pose toujours les mêmes questions« , explique Dr Martin, nutritionniste. « Quelle est votre activité quotidienne ? Avez-vous des pathologies particulières ? Prenez-vous des médicaments ? Comment est votre digestion ? Votre sommeil ? Votre niveau d’énergie ? Ces informations me permettent de dresser un profil nutritionnel personnalisé. »
Les besoins spécifiques selon les profils
Les sportifs : optimiser les performances
Les personnes pratiquant une activité physique régulière ont des besoins énergétiques et protéiques accrus. Mais attention aux idées reçues : inutile de se gaver de protéines si on fait du jogging trois fois par semaine.
« Pour un sportif d’endurance, l’accent sera mis sur les glucides complexes qui fournissent l’énergie sur la durée », précise Thomas, nutritionniste du sport. « Pour un pratiquant de musculation, on augmentera modérément les protéines, mais jamais au détriment des autres nutriments. L’équilibre reste la clé. »
L’hydratation devient également cruciale, tout comme le timing des repas par rapport aux entraînements. Une collation riche en glucides et protéines dans les deux heures suivant l’effort favorise la récupération musculaire.
Les femmes enceintes : nourrir deux vies
La grossesse représente une période de besoins nutritionnels spécifiques. Les besoins en fer, calcium, acide folique et oméga-3 augmentent significativement.
« On ne mange pas pour deux en quantité, mais en qualité« , rappelle Émilie, sage-femme. « Une femme enceinte a besoin d’environ 300 calories supplémentaires par jour au troisième trimestre, pas de doubler ses portions. En revanche, chaque bouchée doit être nutritionnellement dense. »
Les poissons gras pour les oméga-3, les légumes verts pour l’acide folique, les produits laitiers pour le calcium, les viandes maigres et légumineuses pour le fer : l’assiette de la future maman se compose avec attention, tout en évitant certains aliments à risque comme les fromages au lait cru ou la charcuterie.
Les seniors : prévenir la dénutrition
Avec l’âge, l’appétit diminue souvent, le goût s’émousse et les besoins nutritionnels évoluent. La dénutrition touche près de 10% des personnes âgées vivant à domicile, un chiffre qui grimpe à 40% en institution.
« La dénutrition chez les seniors est un fléau silencieux », alerte Dr Renaud, gériatre. « Elle entraîne une fonte musculaire, une fragilité osseuse, une baisse des défenses immunitaires et augmente les risques de chute. Pourtant, elle est souvent négligée. »
Les besoins protéiques augmentent avec l’âge pour lutter contre la sarcopénie (fonte musculaire). Enrichir les plats, fractionner les repas, privilégier les aliments à forte densité nutritionnelle et maintenir le plaisir de manger deviennent essentiels.
« Je conseille souvent d’ajouter du fromage râpé, de la crème fraîche, des œufs dans les préparations », partage Laurence. « Il s’agit d’augmenter l’apport calorique et protéique sans augmenter le volume, car les personnes âgées se rassasient vite. »
Les personnes malades : l’alimentation comme soin
Diabète, maladies cardiovasculaires, troubles digestifs, allergies, intolérances… Nombreuses sont les pathologies qui nécessitent une adaptation alimentaire.
« L’alimentation devient alors une partie intégrante du traitement« , souligne Dr Roger. « Pour un diabétique, contrôler l’index glycémique des aliments permet de stabiliser la glycémie. Pour une personne souffrant de maladie cœliaque, l’éviction totale du gluten n’est pas un choix mais une nécessité médicale. »
Ces adaptations, parfois contraignantes, doivent être accompagnées par des professionnels pour éviter les carences et maintenir le plaisir alimentaire.
Dénutrition : reconnaître les signaux d’alarme
La dénutrition ne touche pas que les seniors. Elle peut concerner des personnes malades, des individus en situation de précarité, ou même des personnes suivant des régimes restrictifs inadaptés.
Les signes qui doivent alerter :
- Une perte de poids involontaire supérieure à 5% en un mois
- Une fatigue persistante
- Des infections à répétition
- Une cicatrisation lente
- Une fonte musculaire visible
- Une perte d’appétit durable
« Face à ces symptômes, il faut consulter rapidement« , insiste Dr Renaud. « Plus on intervient tôt, plus il est facile de corriger la situation. La dénutrition s’installe progressivement mais ses conséquences peuvent être graves. »
Le traitement repose sur un enrichissement alimentaire, parfois complété par des compléments nutritionnels oraux prescrits par un médecin. L’objectif : restaurer un statut nutritionnel optimal pour permettre au corps de fonctionner correctement.
Le plaisir de manger : un pilier fondamental
Adapter son alimentation ne doit jamais rimer avec privation ou frustration. Le plaisir reste un élément central d’une alimentation réussie.
« Un patient qui se force à manger des aliments qu’il déteste ne tiendra pas sur le long terme », observe Laurence. « Mon rôle est de trouver des alternatives savoureuses qui correspondent à ses goûts tout en répondant à ses besoins nutritionnels. »
Le plaisir alimentaire passe par plusieurs dimensions : le goût bien sûr, mais aussi la convivialité, la présentation des plats, les souvenirs associés aux aliments, les rituels de table. Négliger ces aspects émotionnels et sociaux de l’alimentation conduit souvent à l’échec.
« Je reçois régulièrement des personnes qui ont suivi des dizaines de régimes restrictifs », témoigne Dr Martin. « Elles ont perdu le plaisir de manger, développé une relation anxiogène à la nourriture. Mon premier travail est de les réconcilier avec leur assiette. »
Adapter sans compliquer : les conseils pratiques
Écoutez vos sensations
La faim, la satiété, l’envie : ces signaux corporels sont précieux. Réapprendre à les identifier permet d’ajuster naturellement ses apports.
« Notre corps sait ce dont il a besoin », affirme Émilie. « Le problème, c’est que nous avons désappris à l’écouter. Entre les injonctions extérieures et les émotions, nous mangeons souvent en pilote automatique. »
Privilégiez la qualité à la quantité
Des aliments frais, peu transformés, de saison et si possible locaux : cette base simple répond déjà à une grande partie des besoins nutritionnels.
« Un repas composé de légumes variés, d’une source de protéines de qualité, de féculents complets et d’un peu de matières grasses saines couvre l’essentiel des besoins », résume Thomas. « Pas besoin de calculer chaque calorie ou chaque gramme de protéines. »
Variez et colorez votre assiette
La diversité alimentaire garantit un apport complet en vitamines, minéraux et antioxydants. Une assiette colorée est souvent une assiette équilibrée.
« Je dis toujours à mes patients : mangez l’arc-en-ciel », sourit Mme Dumont. « Plus vous avez de couleurs différentes dans votre assiette, plus vous avez de chances de couvrir vos besoins en micronutriments. »
Adaptez sans vous isoler
Les contraintes alimentaires, qu’elles soient médicales ou personnelles, ne doivent pas conduire à l’isolement social.
« On peut toujours trouver des solutions pour partager un repas convivial« , rassure Dr Martin. « Un diabétique peut sortir au restaurant en choisissant intelligemment. Une personne intolérante au gluten peut recevoir en proposant un menu adapté à tous. L’important est de ne pas faire de son alimentation une prison.«
Quand consulter un professionnel ?
Certaines situations justifient l’accompagnement d’un diététicien ou d’un médecin nutritionniste :
- Pathologie nécessitant une adaptation alimentaire
- Perte ou prise de poids inexpliquée
- Troubles du comportement alimentaire
- Fatigue chronique malgré une alimentation apparemment équilibrée
- Besoins spécifiques (grossesse, sport intensif, végétarisme…)
- Signes de dénutrition
« La consultation nutritionnelle n’est pas réservée aux personnes en surpoids ou malades« , rappelle Dr Martin. « C’est un moment d’éducation et de conseil personnalisé qui peut bénéficier à tous. Mieux comprendre ses besoins et apprendre à composer des repas adaptés, c’est un investissement santé pour toute la vie. »
L’alimentation intuitive : une voie d’avenir ?
De plus en plus de nutritionnistes s’intéressent à l’alimentation intuitive, une approche qui invite à se reconnecter à ses sensations corporelles plutôt que de suivre des règles externes.
« Cette méthode fonctionne particulièrement bien pour les personnes qui ont multiplié les régimes », explique Laurence. « Elle les aide à retrouver une relation apaisée avec la nourriture, basée sur l’écoute de soi plutôt que sur le contrôle. »
L’alimentation intuitive ne signifie pas manger n’importe quoi n’importe quand. Elle suppose au contraire une grande conscience de ses besoins, de ses sensations et de l’impact des aliments sur son corps et son esprit.
Adapter son alimentation : un apprentissage continu
« Notre alimentation doit évoluer avec nous« , conclut Dr Martin. « Ce qui nous convenait à vingt ans ne sera plus adapté à cinquante. Être à l’écoute de son corps, s’informer, se faire accompagner si nécessaire : voilà les clés d’une alimentation véritablement personnalisée. »
Au-delà des modes et des tendances, adapter son alimentation à ses besoins spécifiques tout en préservant le plaisir de manger représente un équilibre subtil. Un équilibre qui se construit jour après jour, assiette après assiette, dans le respect de soi et de ses véritables besoins.
Car au fond, bien manger ne se résume pas à ingérer des nutriments. C’est nourrir son corps, cultiver sa santé, partager des moments de convivialité et se faire plaisir. Une alchimie personnelle que chacun doit apprendre à composer selon sa propre partition.
Pour en savoir plus :
- Association Française des Diététiciens Nutritionnistes : www.afdn.org
- Programme National Nutrition Santé : www.mangerbouger.fr
- Société Francophone Nutrition Clinique et Métabolisme : www.sfncm.org
En cas de pathologie ou de besoin spécifique, consultez un professionnel de santé qualifié.




