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31 octobre 2025À Villejuif, deux projets révolutionnaires promettent de transformer la lutte contre le cancer avec des thérapies « prêtes à l’emploi » et accessibles à tous
Une révolution médicale se prépare dans les laboratoires de Villejuif, près de Paris. Deux scientifiques français, le professeur Annelise Bennaceur-Griscelli et le professeur Ali Turhan, portent un double projet qui pourrait bouleverser la lutte contre le cancer : créer la première banque nationale de cellules souches de qualité clinique, tout en développant un vaccin thérapeutique universel contre les tumeurs.
Cette approche inédite répond à un double défi : garantir la souveraineté sanitaire française et offrir des traitements anticancéreux plus accessibles que les thérapies actuelles, souvent hors de prix.
Cithera : la banque nationale de « médicaments vivants »
Un projet lauréat du Grand Défi gouvernemental
Lauréat du Grand Défi « Biomédicaments » du gouvernement français dans le cadre de son projet SOFTCELL, Cithera ambitionne de constituer une infrastructure unique : la banque nationale française de cellules souches pluripotentes induites (iPSC) de qualité clinique.
Le concept est révolutionnaire : créer une source illimitée de médicaments vivants de nouvelle génération. Ces thérapies cellulaires avancées (ATMP) sont conçues pour répondre aux besoins médicaux non satisfaits, particulièrement dans le domaine de l’oncologie, comme le souligne l’Institut National du Cancer (INCa).
Des cellules aux capacités extraordinaires
La force de ces cellules souches pluripotentes induites ? Leur capacité à se transformer en n’importe quelle cellule du corps humain : cellules cardiaques, pancréatiques ou immunitaires. Cette plasticité biologique fait des iPSC une ressource stratégique pour la biomédecine du XXIᵉ siècle.
« L’objectif est de minimiser les coûts, la logistique et la redondance, tout en augmentant les chances de trouver des donneurs rares compatibles HLA« , explique l’équipe dirigée par la professeure Bennaceur-Griscelli, rattachée à l’Université Paris-Saclay, à l’Inserm et à l’Université d’Évry-Génopole.
Des thérapies « prêtes à l’emploi » pour démocratiser l’accès aux soins
La fin des traitements personnalisés hors de prix
L’innovation majeure de Cithera réside dans le développement de cellules souches hématopoïétiques allogéniques universelles, compatibles avec de nombreux patients sans nécessiter de personnalisation. Cette approche « off-the-shelf » (prêtes à l’emploi) représente une rupture technologique majeure.
Actuellement, les thérapies autologues comme les CAR-T présentent des limites importantes : coûts dépassant les 300 000 euros par patient, délais de production de plusieurs semaines, et impossibilité de traiter certains patients dont les cellules sont trop altérées par la maladie.
Les cellules allogéniques universelles de Cithera permettent de surmonter ces obstacles en offrant des traitements disponibles immédiatement, stockés et prêts à l’emploi, à un coût considérablement réduit. Une avancée majeure pour la démocratisation de ces thérapies d’avant-garde.
Un savoir-faire historique reconnu
Cithera n’est pas un nouveau venu dans le domaine. La plateforme possède un savoir-faire historique impressionnant : dérivation des premières lignées de cellules souches embryonnaires (ESC) en France en 2006, puis des iPSC en 2008. Aujourd’hui, Cithera est un pilier de la biotechnologie française et européenne.
Membre fondateur du consortium industriel MAGENTA, Cithera participe également aux programmes européens Horizon Europe, notamment sur les thérapies avancées de nouvelle génération, dans le cadre des orientations de la Commission Européenne en matière de santé.
IPSirius : le pari audacieux d’un vaccin universel contre le cancer
Cibler les cellules souches du cancer
Si Cithera représente l’infrastructure, IPSirius incarne l’innovation thérapeutique pure. Cette biotech s’appuie sur les travaux de l’unité Inserm U1310 « Modèles de cellules souches malignes et thérapeutiques », dirigée par le professeur Ali Turhan à Villejuif.
Le principe repose sur une découverte scientifique clé : les cellules souches pluripotentes partagent des similitudes génomiques avec les cellules souches cancéreuses, ces cellules rares mais redoutables responsables des récidives tumorales. En exploitant cette proximité, IPSirius développe un vaccin thérapeutique capable d’éduquer le système immunitaire à reconnaître et détruire spécifiquement les cellules souches du cancer.
Une alternative plus accessible aux CAR-T
Contrairement aux thérapies CAR-T, complexes à produire et extrêmement onéreuses, ce vaccin vise une approche plus universelle et surtout plus accessible financièrement. Le vaccin pourrait être administré à un large spectre de patients, indépendamment de leur profil génétique spécifique.
Selon Santé Publique France, l’accessibilité des innovations thérapeutiques reste un enjeu majeur pour réduire les inégalités face au cancer. Le projet IPSirius s’inscrit pleinement dans cette problématique.
Les premiers essais cliniques sont prévus dans deux à trois ans, sous réserve d’un financement de 10 millions d’euros. Un montant certes conséquent, mais dérisoire comparé aux milliards investis dans les thérapies conventionnelles.
INGESTEM : coordonner l’excellence française en cellules souches
Une infrastructure nationale stratégique
Cithera joue un rôle stratégique en tant que plateforme de l’infrastructure INGESTEM, qui fédère les acteurs français de l’exploitation médicale et industrielle des cellules souches iPSC. Cette coordination nationale permet de mutualiser les compétences, d’optimiser les investissements et d’accélérer le transfert de la recherche vers la clinique.
L’infrastructure INGESTEM représente un atout majeur pour positionner la France comme leader européen dans le domaine des thérapies cellulaires avancées. Elle facilite également les collaborations entre laboratoires publics, hôpitaux universitaires et entreprises de biotechnologie.
Reconnaissance institutionnelle
Le double label obtenu par l’équipe, « intégrateur industriel » et unité Inserm UMRS 1310 – témoigne de la reconnaissance institutionnelle et de la crédibilité scientifique du projet. Cette validation par l’Inserm, organisme de référence en recherche médicale, garantit la rigueur scientifique et le potentiel de ces travaux.
Une réponse stratégique au retard français en oncologie
Rattraper le retard en essais cliniques
Ces projets s’inscrivent dans un contexte où la France cherche activement à rattraper son retard en matière d’essais cliniques en oncologie. Selon les données de l’Institut National du Cancer, la France accuse un retard préoccupant par rapport à ses voisins européens et aux États-Unis dans l’accès aux innovations thérapeutiques.
Le développement de Cithera et IPSirius sur le territoire national permettra de réaliser des essais cliniques en France, d’attirer des investissements dans la recherche biomédicale, et de positionner le pays comme acteur majeur de la médecine de demain.
Souveraineté sanitaire : les leçons du Covid-19
Au-delà de l’innovation médicale, Cithera et IPSirius répondent à un impératif stratégique crucial : assurer la souveraineté sanitaire française et européenne. La pandémie de Covid-19 a cruellement révélé la dépendance aux chaînes d’approvisionnement étrangères pour les produits de santé critiques.
Le Ministère de la Santé a fait de la reconquête de la souveraineté sanitaire une priorité nationale. En développant des thérapies cellulaires et vaccinales sur le sol français, ces projets renforcent l’autonomie du pays et participent à la construction d’une bioéconomie européenne durable et résiliente.
Des applications bien au-delà du cancer
Un potentiel thérapeutique immense
Les applications des cellules souches pluripotentes induites dépassent largement le domaine du cancer. Ces cellules miracles ouvrent des perspectives thérapeutiques dans de nombreuses pathologies aujourd’hui incurables ou difficiles à traiter :
Maladies cardiovasculaires : régénération du muscle cardiaque après un infarctus, traitement de l’insuffisance cardiaque.
Maladies neurodégénératives : production de neurones pour traiter Parkinson, Alzheimer ou les lésions de la moelle épinière.
Diabète : création de cellules pancréatiques productrices d’insuline pour guérir le diabète de type 1.
Maladies hépatiques : régénération du foie dans les cas de cirrhose ou d’insuffisance hépatique.
Des travaux publiés sur le Covid-19
Les travaux publiés par l’Inserm U1310 sur le potentiel thérapeutique des iPSC dans la défaillance d’organes liée au Covid-19 témoignent de la polyvalence de ces cellules. Pendant la pandémie, les chercheurs ont exploré l’utilisation des iPSC pour régénérer les tissus pulmonaires endommagés par le virus.
Ces recherches, bien que préliminaires, ouvrent la voie à des thérapies régénératives pour les patients souffrant de séquelles pulmonaires graves post-Covid, un enjeu de santé publique majeur identifié par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Une médecine régénératrice, accessible et éthique
Dépasser les controverses éthiques
L’utilisation de cellules souches pluripotentes induites (iPSC) présente un avantage éthique considérable par rapport aux cellules souches embryonnaires : elles sont obtenues par reprogrammation de cellules adultes, évitant ainsi toute controverse liée à l’utilisation d’embryons.
Cette dimension éthique facilite l’acceptabilité sociale des thérapies développées et lève les obstacles réglementaires qui ont longtemps freiné la recherche sur les cellules souches.
L’excellence scientifique française en action
Les projets Cithera et IPSirius incarnent l’excellence scientifique française dans un domaine de pointe. En combinant infrastructure stratégique et innovation clinique, ils placent la France à l’avant-garde mondiale de la thérapie cellulaire et de l’immunothérapie anticancéreuse.
Le concept de « médicaments vivants » symbolise une rupture paradigmatique : des cellules thérapeutiques capables de se multiplier, de s’adapter et de cibler précisément les maladies. Avec les iPSC comme source illimitée de ces nouvelles thérapies avancées, Cithera et IPSirius ouvrent la voie à une médecine personnalisée, régénératrice et accessible.
Un espoir pour des millions de patients
Chaque année en France, près de 400 000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués selon l’Institut National du Cancer. Parmi eux, de nombreux patients ne répondent pas aux traitements conventionnels ou rechutent après des années de rémission.
Pour ces patients et leurs familles, les projets Cithera et IPSirius représentent bien plus qu’une avancée scientifique : c’est un espoir tangible de guérison, une promesse de traitements plus efficaces et accessibles, une chance de voir la médecine du futur devenir réalité.
Les prochaines étapes
Un financement crucial pour les essais cliniques
Le projet IPSirius recherche actuellement 10 millions d’euros pour lancer les essais cliniques de son vaccin universel contre le cancer dans les deux à trois prochaines années. Ce financement est crucial pour transformer les promesses scientifiques en thérapies concrètes accessibles aux patients.
Les investisseurs, institutionnels et privés, ont ici l’opportunité de participer à une révolution médicale tout en soutenant la souveraineté sanitaire française.
Développement de la banque nationale
Parallèlement, Cithera poursuit le développement de sa banque nationale de cellules souches iPSC de qualité clinique. L’objectif est de constituer un catalogue diversifié de lignées cellulaires compatibles avec le maximum de patients, optimisant ainsi les chances de compatibilité HLA.
Cette banque deviendra une ressource stratégique pour tous les acteurs de la recherche biomédicale et de la médecine régénératrice en France et en Europe.
Ressources officielles et informations complémentaires :
Organismes de recherche et santé :
- Inserm : Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale
- Institut National du Cancer (INCa)
- Santé Publique France
- Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
Institutions gouvernementales :
Pour en savoir plus :
- Site officiel de Cithera (à consulter pour suivre l’avancement des projets)
- Université Paris-Saclay
- Inserm U1310 – Unité de recherche dirigée par le Pr Ali Turhan
La France se positionne à l’avant-garde de la lutte contre le cancer avec ces deux projets visionnaires. Entre innovation scientifique et ambition industrielle, Cithera et IPSirius dessinent les contours de la médecine de demain : personnalisée, accessible et porteuse d’espoir pour des millions de patients.




